Félix Guéguen est élève-ingénieur Arts et Métiers en 3ème année du Programme Grand Ecole, dans le cadre d'un double diplôme réalisé avec AgroParisTech. Passionné de biologie et d'aéronautique, il se sert de sa double casquette biologiste et ingénieur pour travailler dans un secteur en plein essor : le biomimétisme.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Félix Guéguen, j’ai 24 ans et je suis actuellement en dernière année à Arts et Métiers, sur le campus de Paris. Je finalise ainsi mes études, que j’ai réalisées en double diplôme avec AgroParisTech.
Pourquoi avoir choisi de faire un double diplôme AgroParisTech / Arts et Métiers ?
Après une classe préparatoire BCPST, j’ai intégré AgroParisTech en 2016. J’étais alors passionné de biologie et cette école me donnait l’occasion de connaître davantage le monde du vivant. J’étais également passionné d’aéronautique, dans la lignée de ma famille : mon grand-père était pilote de chasse, et mon père a fait toute sa carrière chez Airbus. En 2e année à AgroParisTech, j’ai découvert le moyen de combiner ces deux passions au travers du biomimétisme.
Pour travailler dans le biomimétisme, il faut concilier 2 domaines différents : la biologie et l’ingénierie, qui ont des visions, des méthodologies et des outils complètement différents. Comme je voulais m’orienter dans ce secteur, j’ai souhaité ajouté à ma formation de biologiste des compétences en ingénierie orientée process industriels. J’ai découvert sur le site internet d’Arts et Métiers qu’il y avait un double diplôme entre les deux écoles. J’ai donc décidé d’opter pour cette formule, et j’ai intégré le campus Arts et Métiers de Bordeaux-Talence en septembre 2018, en 2e année du cursus PGE.
Je voulais être confronté à des problématiques poussées en ingénierie, du même ordre de ce que l’on trouve dans les bureaux d’études en aéronautiques.
Qu’as-tu appris à Arts et Métiers qui sert ton projet professionnel ?
Arts et Métiers m’a permis d’acquérir les compétences concrètes du métier de l’ingénieur. J’ai effectué mes 2 années de tronc commun sur le campus de Bordeaux-Talence, et ma dernière année de spécialisation à Paris en simulation de systèmes fluides. Je voulais être confronté à des problématiques poussées en ingénierie, du même ordre de ce que l’on trouve dans les bureaux d’études en aéronautiques. Par ailleurs, j’y ai découvert l’histoire de l’école et de ses ingénieurs, et leur rôle prépondérant dans l’évolution de notre société.
Qu’est-ce que le biomimétisme ?
C’est une démarche qui consiste à s’inspirer de la nature pour innover : en explorant les manières qu’a le monde vivant de s'adapter à son environnement, et en transposant ensuite ces stratégies d’adaptation issues de l’évolution à des problématiques techniques.
Le Shinkansen (Train à Grande Vitesse japonais) est un très bon exemple de l’application réussie du biomimétisme. La partie correspondant au nez du train a été conçue en s’inspirant du martin pêcheur. La forme du bec de ce dernier (qui tantôt vole, tantôt plonge à grande vitesse dans l’eau) lui confère en effet des propriétés aérodynamiques et acoustiques très intéressantes. Ces caractéristiques ont ainsi été transposées sur ce train qui peut rouler à plus de 300 km/h.
Le biomimétisme est une discipline récente, qui commence à émerger en France et à susciter l’intérêt des industriels, des acteurs publics et de la recherche. Le biomimétisme est à l'interface de plusieurs disciplines scientifiques et permet de répondre aux enjeux de multiples secteurs. Ce caractère transversal est un défi pour sa structuration mais on observe un fort essor ces dernières années.
Transposer des solutions issues de la sélection naturelle constitue autant de leviers de développement économique, d’optimisation des processus R&D et d’innovation.
Comment l’ingénieur peut-il appliquer les principes du biomimétisme ?
Quand on a une problématique technique en tant qu’ingénieur, on peut s’inspirer du monde du vivant qui est extrêmement riches en termes d’idées. Depuis des milliards d’années, il propose des solutions d’adaptation, qui sont par la suite sélectionnées en fonction des contraintes de l’environnement et de l’évolution.
Transposer des solutions issues de la sélection naturelle constitue autant de leviers de développement économique, d’optimisation des processus R&D et d’innovation. De plus, la nature est fondamentalement durable. Donc les solutions développées sont optimisées au regard de l’environnement, et fonctionnent dans des boucles circulaires. Ces solutions répondent à des principes du vivant qui sont en phase avec les enjeux de conception éco-responsable, au même titre que l'éco-conception.
L’objectif final serait donc que chaque industriel rencontrant une problématique ait le réflexe de regarder dans le monde du vivant s’il n’y a pas des solutions existantes et ingénieuses répondant à ces problèmes : ce serait une grande source d’inspiration et un gain de temps considérable.
En ce qui concerne l’aéronautique, souvenons-nous que les premiers avions ont été conçus suite à une observation attentive de la nature, plus particulièrement la manière dont volent les oiseaux!
Tu as récemment réalisé ton stage au sein de Myceco, qu’y as-tu fait ?
Myceco est un cabinet de conseil en biomimétisme. J’ai pu lors de mon stage contribuer à la rédaction du rapport sur la journée de travail organisée chez France Stratégie « Biomimétisme : quels leviers de développement ? Quelles perspectives en France ? ». Ce rapport constitue la première étape d’une feuille de route nationale sur le biomimétisme comme levier de soutenabilité socio-économique et environnementale
Lors de mon stage, j’ai pu promouvoir le biomimétisme auprès d’acteurs de la Défense et de la Sécurité. C’est donc un parfait tremplin pour mon projet professionnel, pour moi qui souhaite travailler dans le biomimétisme appliqué à l’aéronautique !