Le prix de littérature Mayoux-Dauriac récompense chaque année des élèves ingénieurs pour leur maîtrise de la langue française. Rencontre avec Octave Jolimoy élève de 2e année, en formation d'ingénieur généraliste, poète et dessinateur.
Vous avez reçu le prix Mayoux-Dauriac pour votre recueil de poèmes illustré. Un étudiant ingénieur poète, ce n'est pas commun ! Quel lien entretenez-vous avec la langue française ?
La langue française est un outil que j’utilise bien sûr au quotidien, en tant qu’étudiant ingénieur. Le premier lien est celui du discours : la langue comme outil de communication écrite et orale. Pour moi il existe cependant un second lien, plus singulier. C’est celui de moyen d’expression artistique, d’outil de créativité et parfois même de remède : j’écris alors pour mettre à plat certaines préoccupations.
Par ailleurs, écrire est une activité qui requiert une certaine maturité, et qui m'est d'autant plus difficile que je suis dyslexique. J'ai commencé à écrire des poèmes en terminale, ce qui m'a notamment permis de corriger certains signes de ce trouble du langage, comme le fait de faire des fautes d'orthographe à chaque ligne.
Où vont les gens ? Les gens en vie Ceux qui s'ennuient Que font les gens ? Les gens envient Les gens ravis Que pensent les gens ? L'un réfléchit L'autre fléchit
Vous jouez souvent avec les mots, comme dans l’extrait de votre poème "Où vont les gens" ?
Il existe bien des similitudes étonnantes dans la langue française, ou des homonymies déroutantes parfois. Il y a des situations qui me touchent, et sur lesquelles j’ai envie de m’exprimer. En jouant sur les mots, on apporte du rythme au texte et l’on peut mettre en exergue ses idées. C’est ce que j'ai fait dans ces courts poèmes, à la lecture rapide. Avec le temps mon écriture a évolué vers de la prose plus libre ; j’ai pourtant gardé ce jeu sur les sons. Je crois que cela me vient de ma formation musicale.
Que représente le prix de littérature Mayoux-Dauraic à vos yeux ?
C’est un véritable honneur de recevoir ce prix. Je souhaitais absolument participer à ce concours. J’ai rédigé ce recueil au préalable et j’ai pris plaisir à constituer mon dossier puis à travailler mon intervention orale. Les mots du jury ainsi que du personnel du campus d’Angers m’ont particulièrement touché. Une très belle expérience, qui m’a donné envie de le publier. Pour l'instant, je garde l'idée dans un coin de ma tête car je pars deux ans à Shanghai pour un Double Diplôme à l’Université de Tongji. Je vais profiter de cette expérience pour m’initier à la culture poétique chinoise. Leurs poèmes sont extrêmement frais, paisibles et heureux… Or le bonheur est ce qu’il y a de plus difficile à écrire !