Rencontre avec Jelle Joustra, professeur invité

Jelle
Témoignage
International
Recherche

En visite à Arts et Métiers, Jelle Joustra, maître de conférences à TU Delft, renforce les liens entre les deux institutions autour de la pratique industrielle et l'économie circulaire. 

Pourriez-vous nous parler de votre collaboration avec le professeur Nicolas Perry ?

J’ai rencontré le professeur Nicolas Perry pour la première fois pendant mon doctorat, alors que je menais des recherches sur les stratégies de conception pour des produits intégrant des matériaux composites dans une économie circulaire. J’ai découvert l’un de ses articles portant sur la conception durable avec des composites, qui a enrichi mes propres travaux. Par la suite, je l’ai invité à faire partie du jury de ma soutenance de thèse. Ce premier contact a conduit à une visite à Bordeaux l’année dernière, et nous avons rapidement constaté à quel point nos groupes de recherche étaient complémentaires. Bien que nous ne travaillions pas exactement sur les mêmes sujets, nos domaines se rejoignent de manière significative, ce qui favorise naturellement la collaboration.
Depuis, nous collaborons sur un projet visant à appliquer l’intelligence artificielle au service de la conception circulaire. Cette collaboration a évolué vers un nouveau projet de trois ans intitulé « Circularity 4.0 », financé dans le cadre de l’initiative TU Delft-France. Il était donc tout à fait logique de revenir à Arts et Métiers cette année pour approfondir ces collaborations. J’ai également travaillé avec d’autres chercheurs du laboratoire I2M, tels que les doctorants Hripsime Snkhchyan et Siddarth Parthasarathi, qui explorent respectivement les outils de conception basés sur l’IA et la collaboration homme-robot pour le démontage de produits.

Comment vous êtes-vous sentie durant votre séjour en France ?

Revenir à Bordeaux, c’était comme rentrer à la maison. En arrivant à la gare, je me suis dit : « Ça fait du bien d’être de retour ! » L’accueil chaleureux de Nicolas et de l’équipe I2M a facilité la reprise de contact. C’était aussi très satifaisant de voir les progrès réalisés depuis ma dernière visite il y a un an : de nouvelles idées, de nouveaux résultats et un fort potentiel pour de futures collaborations. L’environnement ici n’est pas seulement accueillant, il est aussi intellectuellement stimulant. J’ai vraiment apprécié l’opportunité de m’appuyer sur la dynamique de l’année dernière pour faire des avancées concrètes.
Selon vous, quel est le principal avantage des collaborations de recherche avec d’autres pays ? 
La collaboration internationale permet d’envisager sa recherche sous différents angles. Même lorsque l’on partage une vision commune, les approches et les méthodologies varient d’un pays à l’autre, ce qui peut être très enrichissant. Travailler avec Arts et Métiers et Nicolas Perry a été particulièrement gratifiant en raison de la solidité de l’écosystème de recherche. Nicolas Perry dispose d’un réseau remarquable, il sait souvent quel partenaire, laboratoire ou entreprise contacter pour résoudre un problème. Les installations du laboratoire sont excellentes, et l’approche interdisciplinaire soutient réellement une recherche à fort impact. Ce mélange de rigueur académique et de partenariats industriels en fait un lieu idéal pour faire avancer des projets appliqués et concrets.

Qu’est-ce qui a éveillé votre intérêt pour l’économie circulaire ? 

Ma formation est en ingénierie du design industriel. Très tôt, j’ai appris à développer des produits optimisés pour leur fonction et leur fabrication. Mais j’ai ressenti le besoin d’accorder davantage d’attention à la durabilité. Les matériaux composites m’ont fasciné en raison de leurs hautes performances et de leur capacité de personnalisation, tout en posant de sérieux défis en matière de recyclage. Cette tension m’a poussé à étudier comment les concepteurs peuvent prendre de meilleures décisions, comment équilibrer les stratégies de production, d’utilisation et de fin de vie. Ma thèse de doctorat portait sur le développement de méthodes pour aider les concepteurs à travailler avec ces matériaux dans une économie circulaire. C’est ainsi que je me suis intéressé à la réutilisation structurelle, trouver des moyens de réemployer des parties de produits comme des pales d’éoliennes ou des fuselages d’avions pour un usage secondaire.

Quand avez-vous décidé de devenir chercheur ?

J’ai décidé de me tourner vers la recherche vers 2017. Avant cela, je travaillais dans l’industrie, où je développais des produits techniques comme des capteurs de rayonnement solaire. Mais j’ai ressenti un fort besoin d’explorer des approches de conception durables et innovantes, ce qui m’a ramené vers le milieu académique. La recherche m’a offert l’opportunité de poursuivre des questions guidées par la curiosité et de développer des méthodologies qui aident d’autres concepteurs à créer des solutions plus durables. C’est cet équilibre entre défi technique et impact sociétal qui me motive au quotidien.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiantes et étudiants intéressés par une carrière dans la recherche, que ce soit dans votre domaine ou dans un autre ?

Profitez de votre temps en tant qu’étudiant pour explorer. Suivez des cours optionnels, participez à des projets de recherche, et n’hésitez pas à contacter des chercheuses et des chercheurs dont le travail vous intéresse. A Arts et Métiers, j’ai vu des étudiantes et des étudiants s’impliquer dans de véritables projets de recherche, travaillant sur des systèmes de démontage d’avions ou sur la réutilisation assistée par robot. Ces projets concrets sont un excellent moyen de découvrir vos centres d’intérêt et de développer vos compétences. En particulier durant la dernière année, vous avez souvent la possibilité de définir votre propre sujet , saisissez cette opportunité pour travailler sur quelque chose qui a du sens pour vous. Et surtout, parlez aux chercheuses et aux chercheurs. Elles et ils sont occupés, certes, mais toujours heureux d’échanger avec des étudiants motivés.

À propos de Jelle JOUSTRA

 

jelle

Jelle Joustra est diplômé de l’Université de technologie de Delft, où il a obtenu un master en ingénierie du design industriel, suivi d’un doctorat portant sur les stratégies de conception pour les produits en matériaux composites dans une économie circulaire. Il a débuté sa carrière en R&D en tant qu’ingénieur en capteurs thermiques avant de revenir dans le milieu académique en 2017 pour entreprendre ses recherches doctorales. Il est actuellement maître de conférences à TU Delft et coordinateur académique au Leiden-Delft-Erasmus Centre for Sustainability. Il est spécialisé dans la conception durable de produits et les méthodologies de réutilisation structurelle. Il participe activement à d’importants projets européens tels que Ecobulk et LICHEN-Blades, et collabore étroitement avec Arts et Métiers sur les applications de l’intelligence artificielle à l’économie circulaire. Son expertise fait le lien entre la pratique industrielle, la recherche académique et l’enseignement.
 

Last news

In 2026, Arts et Métiers campuses and institutes invite you to experience something special during their exceptional Open Days!

News

With four new Erasmus+ projects secured in 2025 (CircLean, IDT4EU, DigiReady2 and LF4VET), Arts et Métiers confirms its desire to become a key player in training in Europe.

News

Are you a top graduate student in science or technology?

Join ParisTech’s prestigious Grandes Ecoles in September 2026 and obtain the title of Graduate Engineer, a Master-level diploma recognized worldwilde.

News, Formations, International

Arts et Métiers offers varied study programmes, each of them having its own application procedure and admission criteria : Everything You Need to Know !

News