Portrait de Lum Guo Zhan, professeur invité

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En visite à Arts et Métiers, le Professeur Lum Guo Zhan (Nanyang Technological University, Singapour) renforce les liens entre les deux institutions autour de la robotique, de l’intelligence artificielle et de la fabrication avancée.

Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à accepter ce poste de professeur invité à Arts et Métiers ?

La décision d’accepter cette invitation de professeur invité à Arts et Métiers (AM) repose sur des motivations à la fois stratégiques et pratiques. Depuis près de deux ans, nos institutions , NTU Singapour et Arts et Métiers, explorent la possibilité d’établir des collaborations plus approfondies dans des domaines de pointe tels que la robotique, l’intelligence artificielle, l’impression 3D et la réalité étendue (AR/VR). Bien que l’intérêt académique soit mutuel et fort, nous avons rencontré des obstacles administratifs et juridiques qui ralentissaient les choses, notamment la finalisation d’un accord de collaboration en recherche (MRCA). J’ai estimé qu’être physiquement présent en France permettrait de faire avancer les choses plus efficacement, en facilitant les échanges en face à face avec les collègues, les administrateurs et les équipes juridiques. 

Cette visite m’a également permis de mieux comprendre la culture institutionnelle et les dynamiques entre les différents campus Arts et Métiers. Bien qu’ayant déjà visité Paris, je n’avais jamais expérimenté de l’intérieur le fonctionnement du réseau Arts et Métiers. J’étais curieux de voir comment la recherche y est structurée, comment fonctionne la mobilité entre les campus, et comment les équipes travaillent au quotidien. Cette expérience directe me permet désormais de mieux orienter et accompagner les futures collaborations et échanges d’étudiants de notre côté. 

Concernant le professeur Amine Ammar, notre collaboration actuelle porte sur la mise en place d’un programme d’échange étudiant. Un fort intérêt a été exprimé pour instaurer une mobilité académique entre nos institutions, et je travaille avec Amine sur la structuration et la faisabilité de ces échanges. Bien que nous ne collaborions pas encore directement sur des projets de recherche, je vois un fort potentiel pour des projets conjoints à l’avenir. 

Sur le plan de la recherche, mon travail actuel durant cette visite est davantage aligné avec celui du professeur Sofiane KHELLADI du campus de Paris. Nous discutons d’un projet sur les micropompes et identifions activement des opportunités de financement pour co-développer notre recherche. Ainsi, bien que cette collaboration n’en soit qu’à ses débuts, les fondations sont solides, et la confiance établie durant cette visite constitue, à mes yeux, l’un des résultats les plus importants. 

Comment vous sentez-vous après un mois depuis votre arrivée ? 

Je suis très satisfait de cette expérience, ce mois a été très enrichissant. Être présent physiquement en France m’a permis de mieux comprendre non seulement l’institution, mais aussi sa culture et ses réalités quotidiennes. J’ai toutefois relevé certains défis, comme des barrières linguistiques dans les laboratoires et des problèmes logistiques liés aux déplacements entre les campus. Cela dit, ces observations sont précieuses car elles nous aideront à mieux préparer nos étudiants pour de futurs échanges. Dans l’ensemble, l’accueil a été excellent et j’ai beaucoup appris. 

Selon vous, quel est le principal avantage des collaborations de recherche internationales ? Y a-t-il quelque chose en particulier que vous appréciez dans vos collaborations avec la France ou avec Arts et Métiers ? 

Les collaborations internationales permettent de combiner des forces complémentaires. Par exemple, dans mon cas, notre laboratoire peut prendre en charge la partie expérimentale, tandis que l’équipe du Professeur KHELLADI excelle dans les simulations. Les équipes d’Arts et Métiers font preuve d’une grande sincérité et d’une réelle patience au fil des années, ce que j’apprécie profondément. De tels partenariats permettent de bâtir une confiance à long terme et d’apporter des perspectives nouvelles face aux défis de la recherche. D’un point de vue stratégique également, NTU cherche à développer des partenariats solides à l’échelle mondiale, et avoir la France, en particulier Arts et Métiers, comme partenaire est un véritable atout. 

Qu’est-ce qui a éveillé votre intérêt pour la robotique ? Est-ce le résultat d’un cours particulièrement marquant ou d’une lecture personnelle ? 

Depuis mon enfance, j’ai toujours été fasciné par les robots et tout ce qui se déplace avec une intention. Pendant mes études de premier cycle à NTU, je me suis inscrit à un programme en mécatronique, et j’ai réalisé que cette fascination d’enfance était fondée, j’ai vraiment pris plaisir à apprendre dans ce domaine. Plus tard, au cours de mon doctorat en cotutelle entre NTU et la Carnegie Mellon University, j’ai travaillé sur des robots à l’échelle microscopique et des dispositifs magnétiques de petite taille, ce qui a encore renforcé ma passion. J’ai été particulièrement enthousiasmé par leur potentiel dans des applications biomédicales, comme l’administration ciblée de médicaments ou la chirurgie mini-invasive. 

Quand avez-vous décidé de devenir chercheur ? 

Il est difficile de déterminer un moment précis. Au départ, je considérais le doctorat simplement comme une suite logique de mes études. Mais dès la première année, lorsque mes encadrants m’ont expliqué que la recherche consistait à résoudre des problèmes concrets et à innover au-delà des connaissances établies, j’ai commencé à m’en passionner. C’est vers la deuxième année, lorsque j’ai développé ma première idée originale, que j’ai su que je voulais poursuivre dans cette voie. 

Quel conseil donneriez-vous aux étudiantes et étudiants intéressés par une carrière dans la recherche, que ce soit dans votre domaine ou dans un autre ? 

Si je devais partager quelques conseils essentiels avec des étudiantes et étudiants curieux de découvrir la recherche, notamment dans des domaines comme la robotique ou l’ingénierie, ils seraient les suivants : 

Premièrement, il faut comprendre la valeur de ce que l’on fait. La recherche ne consiste pas simplement à publier des articles pour le principe. Il s’agit de repousser les limites de la connaissance et d’apporter des contributions réelles et significatives à la société, que ce soit en faisant progresser la robotique médicale, en améliorant les procédés de fabrication ou en répondant à des enjeux de durabilité. Si vous percevez l’impact concret de votre travail, vous resterez motivé même dans les moments difficiles. 

Deuxièmement, n’ayez pas peur. La recherche peut sembler intimidante au début, surtout lorsqu’il s’agit de proposer une idée originale ou de résoudre un problème que personne n’a encore résolu. Cette incertitude initiale est normale, et même nécessaire. Mais faites confiance au processus. Travaillez en étroite collaboration avec vos encadrants, posez des questions, et laissez-vous le temps de gagner en assurance. 

Troisièmement, soyez patient. L’innovation ne se produit pas du jour au lendemain. À mes débuts, je me précipitais pour générer des idées, pensant que publier rapidement était la clé. Avec le temps, j’ai compris que les recherches les plus impactantes naissent souvent d’une réflexion approfondie et critique. Il vaut mieux développer une idée forte et originale qui apporte une réelle contribution à votre domaine que de publier plusieurs travaux mineurs à faible valeur ajoutée. 

Enfin, attendez-vous à rencontrer des obstacles. Les rejets, les expériences ratées et les impasses font partie du parcours. Cela peut être décourageant au début, mais ce sont autant d’occasions d’apprendre. Tirez parti des retours des évaluateurs. Restez humble, restez curieux. Si vous avancez avec passion et persévérance, une carrière dans la recherche peut être l’un des chemins les plus enrichissants qui soit. 

À propos de LUM Guo Zhan 

Le professeur Lum Guo Zhan a obtenu un doctorat en génie mécanique en 2016 dans le cadre d’un programme de double diplôme entre la Carnegie Mellon University (États-Unis) et la Nanyang Technological University (NTU) de Singapour, après avoir obtenu sa licence en génie mécanique à la NTU en 2010. Il a également décroché un master à Carnegie Mellon en 2015. De 2016 à 2017, il a travaillé comme chercheur postdoctoral à l’Institut Max Planck en Allemagne. Depuis 2018, il occupe le poste de professeur assistant à la School of Mechanical and Aerospace Engineering de la NTU. Ses recherches portent sur les robots miniatures magnétiques, les actionneurs souples, la locomotion et les mécanismes à flexion. Il a reçu plusieurs distinctions, dont le Frontiers of Science Award 2025, a publié dans des revues de premier plan telles que Nature, PNAS et Advanced Materials, et a déposé plusieurs brevets. Il encadre des doctorants et collabore étroitement avec des partenaires industriels sur des technologies robotiques avancées.

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