
Utiliser l’énergie des sous-sols pour réguler la température des bâtiments, c’est le pari de Geosophy, une startup qui a fait ses débuts dans l’incubateur d’Arts et Métiers.
La technologie de Geosophy est développée par une équipe de dix ingénieurs permanents, comprenant des hydrogéologues, des physiciens et des développeurs.
Lancée en 2018, Geosophy facilite pour le secteur du BTP l’accès à une technologie extrêmement avantageuse, mais encore sous-exploitée : la géothermie. Cette solution énergétique permet, en faisant circuler de l’eau dans le sous-sol non profond de réchauffer les bâtiments en hiver et de les refroidir en été. « Je prends toujours l’exemple des animaux, explique Alice Chougnet, cofondatrice et présidente de Geosophy. Beaucoup d’entre eux font des terriers dans le sol parce qu’ils savent d’instinct qu’en hiver il y fera plus chaud qu’en extérieur. Nous utilisons cette même inertie thermique. » Une technologie qui divise par dix les émissions carbone par rapport à une solution traditionnelle au gaz, et qui pourrait être exploitée sur près de 90% du territoire français pour couvrir 50 % des besoins nationaux.
Un passage formateur à l’incubateur Arts et Métiers
Geosophy a bénéficié d’un passage de trois ans dans l’incubateur d’Arts et Métiers, de 2019 à 2022, puis d’une nouvelle collaboration en 2023. « Je suis issue du monde pétrolier, et je souhaitais réutiliser dans ce projet ma connaissance du sous-sol. Je manquais, en revanche, d’expertise quant à la partie thermique du bâtiment » raconte Alice Chougnet. Les laboratoires DynFluid et LIFSE ont pu l’aider à lever ce verrou technologique, en l’accompagnant dans le développement et l’amélioration d’outils adaptant la géothermie à chaque situation.
Ce n’est pas le seul bénéfice que la jeune entreprise a tiré de son passage dans l’incubateur d’Arts et Métiers : rencontre avec son cabinet de brevet, mise en contact avec de potentiels financeurs, mais aussi des locaux. « Avoir un espace pour accueillir nos premiers salariés, nos stagiaires et nos prestataires, c’était absolument clé. » déclare Alice Chougnet. Cet environnement aurait dû permettre à Geosophy de profiter d’un écosystème d’entrepreneurs… si la crise du covid n’était pas passée par là. « C’était une période difficile, beaucoup d’entreprises qui étaient avec nous au début n’ont pas tenu. » regrette-elle.
Une résilience à toute épreuve
La pandémie de 2020 n’est pas la seule crise à laquelle Geosophy a dû faire face. En 2022 débute la crise immobilière, touchant également le secteur des rénovations dans lequel l’entreprise s’était spécialisée. Malgré tout, Alice Chougnet est optimiste : « Nous avoir survécu à la crise du Covid et nous avons, avec la crise immobilière, réussi à repenser notre stratégie compte tenu des évolutions de notre environnement de marché. Cela nous a rendus plus forts, plus résilients. Nous sommes capables d’aborder l’avenir sereinement : le chemin n’est jamais linéaire, mais nous avons la capacité de rebondir et c’est ce qui est important. »
La résilience de Geospohy lui a, de fait, apporté deux nouvelles typologies de clients en dehors de son champ d'action initial : d’un côté, Action logement, un investisseur en logements sociaux ; de l’autre, E.Leclerc, intéressé par le potentiel de la géothermie pour l’indépendance énergétique de la grande distribution. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. « On ne peut pas écrire d’avenir sans énergie, ni sans énergie renouvelable, soutient Alice Chougnet. Nous allons donc continuer à travailler avec des clients qui partagent notre vision. »