Rencontre avec Pierre Meynard, ancien dirigeant d’Alcan France et de Rio Tinto France, qui préside le think tank Arts et Métiers.
Pourquoi avoir accepté de présider le think tank d’Arts et Métiers ?
Je connaissais un peu à l’école car j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup d’ingénieurs Arts et Métiers durant ma carrière industrielle. J’ai toujours apprécié leur sens du concret et leur rigueur.
Surtout, j’ai été intéressé par les objectifs ambitieux que s’est fixé ce think tank : mener des réflexions prospectives sur l’industrie et la technologie, ainsi que sur l’avenir de l’école et son identité.
Par ailleurs, étant extérieur à la communauté Arts et Métiers, je trouvais utile d’apporter un regard extérieur sur les travaux.
Enfin, j’étais convaincu que notre pays a besoin de d’avantage d’ingénieurs et que les ingénieurs Arts et Métiers peuvent être des acteurs clés pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés : révolution digitale, changement climatique, enjeux environnementaux.
Quelles sont ses premières concrétisations ?
Le conseil d’orientation, qui réunit 12 membres, a tenu sa première séance en février 2019. Depuis,six séances ont été organisées, et deux groupes de réflexion ont été lancés, dont un a déjà rendu son rapport.
Ce groupe, animé par Marc Lassagne et Stéphane Lapujoulade, a travaillé sur la thématique « technologie », et le positionnement d’Arts et Métiers comme « grande école de la technologie au service de l’industrie du futur ». Parmi ses principales conclusions : l’idée que la communauté Arts et Métiers, qui dispose d’une légitimité historique en la matière, gagnerait à se saisir plus explicitement de ce champ.
C’est ainsi que nous avons préconisé que figure dans l’identité de l’établissement « sciences et technologies », avec une version anglaise « institute of technology ». Proposition qui a été retenue et qui apparaît clairement dans le nouveau logo de l’école.
Le deuxième groupe de réflexion, animé par Michael Rivette et Eric Dhenin , s’intéresse aux attentes de l’industrie et des entreprises. Ils ont rencontré de nombreuses personnalités, dont Louis Gallois, mais aussi prochainement des directeurs de laboratoires Arts et Métiers et des étudiants et jeunes diplômés. Leur rapport devrait être prêt d’ici la fin de l’année.
Le conseil d’orientation vient également de lancer trois autres groupes de réflexion : « comment attirer les jeunes talents vers l’enseignement technologique », « l’ingénieur acteur des défis environnementaux et sociétaux » et « manager 4.0 ou quel manager pour l’industrie du futur ».
Quel bilan tirez-vous de cette 1re année ?
Je suis impressionné par la qualité des réflexions, et la capacité que montrent les participants des groupes de réflexion à s’ouvrir sur l’extérieur.
Je crois aussi que l’articulation conseil d’orientation-groupes de réflexion fonctionne bien, et se prête à faire surgir de nouvelles thématiques à explorer.
Un regret cependant : une sous-représentation des femmes à la fois au conseil stratégique et dans les groupes de réflexion. C’est un point sur lequel nous devons travailler.
Aujourd’hui, quelle est votre priorité ?
Poursuivre le travail de fonds du think tank et communiquer pour partager nos premières réflexions.
Nous donnerons la priorité à la communauté Arts et Métiers, notamment les personnels et étudiants de l’école. Le premier rapport leur sera d’ailleurs prochainement adressé.
Puis, nous lancerons une campagne de communication en externe afin de positionner Arts et Métiers dans les débats d’idées sur la technologie, l’industrie du futur, les problématiques environnementales…